Il faut savoir que cet argument n’a pas à être valable c’est celui qui « rassure » moralement ceux qui veulent baisser les indemnisations. Il est de la même famille que le « si on veut travailler on peut » ou que les aides sociales coûtent « un pognon de dingue »
Je fais l’hypothèse qu’il est parfois moins politique que sociologique, une partie de ceux qui nous dirigent n’ont jamais connu la pauvreté ou la précarité eux mêmes bien sûr mais personne de leur entourage. Ils ont vécu enfant et adolescent dans une "bulle" ou personne
n’a aucun problème d’argent pour se nourrir évidemment, et mamie invite 10 personnes au resto juste pour fêter l’anniv des 8 ans, tout le monde a un appareil dentaire parce qu’il n’y a aucun problème de mutuelle et même de dépenses non remboursées, on peut même choisir les
gouttières transparentes… tout le monde part en vacances bien sur, il y a une maison pour ça et puis le ski évidemment aussi. Et d’ailleurs c’est le cas de tous les enfants et adolescents qu’ils fréquentent puisqu’il vont dans le même établissement privé dont le tarif même
assure sans qu’il y ait besoin d’en discuter davantage une homogénéité sociale et des fréquentations similaires. Et ça continue ensuite. On peut faire n’importe quelle école privée parce que 7 000 euros par an ce n’est pas la moitié du salaire d’un parent,… et je pourrais
continuer longtemps. J’ai une "jolie" histoire d’APL (parce que l’histoire de baisser de 5€ par mois c’est une marotte de Bercy de longue date) un conseiller de ce ministère disait « non mais ça va quoi 5 euros c’est rien » celle qui lui a répondu se reconnaîtra
Elle me l’a dit parce qu’elle craignait d’avoir commis un impair (au contraire 😍✊🏼) elle a dit « 5 euros pour des familles c’est manger ou pas manger pendant une journée, ça vous parle ça ? » parce qu’elle avait cette sensibilité
donc oui la grande homogénéité sociale des dirigeants c’est aussi ça. Ils ignorent complètement cette réalité. Ils sont allés à la poste bien sur mais ils n’ont jamais vu quelqu’un retirer 10 euros au guichet en demandant si c’était possible. Ils n’ont jamais vu des momes qui
n’avaient jamais mis les pieds à Paris en habitant à 12 km, jamais non plus des parents qui n’acceptent pas que leurs enfants aillent aux anniversaires parce qu’ils n’ont pas de quoi payer un cadeau…. Il y a des gens qui sont conscients des avantages qu’ils ont eus. Des combats
qu’ils n’ont pas eu à mener mais je commence à avoir de plus en plus de mal à tolérer le mépris à l’égard des pauvres ou de ceux qui ne sont pas nés en ayant déjà un ou des deux apparts dispo pour leurs futures études. Ce mépris là est indécent et facteur de rage. Alors oui si
l’on est né dans une famille ou le confort financier était une évidence on a le droit de s’intéresser au monde qui n’est pas le sien. Si l’on prétend exercer des fonctions politiques c’est un devoir parce que diriger ses concitoyens avec dédain et morgue c’est sans doute
la plus grande faute qui existe. Précision : cela ne concerne pas le président de la République en particulier, c’est assez largement partagé et ce qui est pire c’est que ceux et celles qui pourraient être des cordes de rappel sont souvent poussés à accepter les codes et façons
de penser pour ne pas passer pour des ploucs et avoir cette aisance sociale et relationnelle qui semble un attribut du pouvoir. Pardon c’est décousu mais je crois qu’il y a peut être la aussi une clé forte de la désaffection du politique « ils vivent pas comme nous »
Originally tweeted by Cécile Duflot (@CecileDuflot) on 24 July 2021.
Et je fais parti de ceux qui ont vécu dans une bulle quand j’étais enfant, mais bercé par des idées de gauche.